En écho à ce billet, je suis tombé sur un article que Télérama consacrait à un corps de métier méconnu, celui des « adaptateurs » de séries télé, chargés de traduire les épisodes en 24 heures chrono. On y apprend notamment que :
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pour limiter les risques de piratage et réduire les coûts, les grands studios américains comme la Warner ou la Fox s’organisent depuis peu pour traduire un maximum de séries sur place, via SDI Media, un laboratoire gigantesque (7 000 traducteurs en 80 langues) qui adapte les fictions télé de façon expéditive, confiant souvent le boulot à des étudiants peu formés et sous-payés, qui traduisent le script sans même regarder les images.
Qui plus est, il semblerait – j’en tremble encore – que les chaînes françaises ne soient pas forcément regardantes sur la qualité de ce qu’elles diffusent :
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En France, il arrive que les chaînes fassent retoucher ces sous-titres low cost par des pros (Canal+ vérifie systématiquement la traduction). Ou qu’elles les diffusent tels quels, sans filtrer les erreurs. (…) Parfois, deux versions d’une même série cohabitent sur les écrans français : OCS a diffusé Breaking Bad avec des sous-titres issus de labos français, Arte l’a rediffusé avec des sous-titres moins précis, fabriqués aux États-Unis.
Et cette information, plus surprenante :
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Pour les sorties DVD, HBO travaille systématiquement avec SDI, même s’il existe déjà une version française ! « Cela donne lieu à des situations ubuesques », remarque une adaptatrice , « une traduction de True Blood impeccable lors de son passage télé, mais consternante en coffret DVD, avec des sous-titres encore moins bons que ceux des fansubbers ! »
Qu’un studio américain, connu pour la qualité de ses séries, traite par dessus la jambe la part toujours plus réduite des acheteurs de DVD et Blu-Ray semble entériner la suprématie du support dématérialisé.
Visuel : © Jean Jullien/Télérama